Le vent de cristal Un livre d'Alain Cazuc
Le village de Tomblone est niché dans les contreforts des Cévennes, là où se meurt la garrigue. Il est surplombé d’une montagne qui a donné naissance à une légende dont l’origine semble venir du fond des âges : « le vent de cristal ». L’enchaînement des diverses péripéties amenant la catastrophe ne subsiste plus qu’à l’état de traces dans la mémoire collective de ce vingt et unième siècle… Se détachant de la montagne, un vent de poussière s’abattrait sur le village et cristalliserait ses habitants. Il serait précédé de signes avant-coureurs. Et voilà que de vieux cévenols, parmi les rares qui ont gardé un souvenir vivace de la légende, croient assister à la première, puis à la seconde des prémisses. Comment prévenir le village sans être pris pour des fous ? Le bistrot, lieu privilégié des échanges, semble tout désigné. La nouvelle bouleversera les rapports entre les habitants, en rapprochant certains, en scindant d’autres groupes. Hallucination partagée ou irruption du surnaturel en pleine modernité ? Dans tous les cas, personne ne sortira indemne du vent de cristal. Mais à quel point ? Alain Cazuc est un réalisateur de documentaires et de plateaux ayant travaillé pour la télévision : TF1, F2, F3, la 5, arte. ` Entre 1973 et 1981, il fut un proche collaborateur de Fernand Deligny, spécialiste reconnu de l’autisme. Le village de Monoblet, où tous deux résidaient, et où Alain Cazuc habite toujours en partie, apparaît en filigrane de ce roman. Ce village a fait l’objet de sa part d’une monographie parue chez le même éditeur : « Monoblet, chroniques de la veille. »
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Chinchose prenait son bain de pieds hebdomadaire dans de l’eau bien salée pour attendrir les cals, quand la comtesse fit irruption dans la pièce, flanquée d’un roux inconnu et binoclard. Elle ne pouvait pas tomber plus mal. Les ablutions, ça demande du silence, de la concentration, presque du recueillement. Elle ne parût pas daigner le voir et, désignant l’endroit précis où se trouvait sa bassine, dit : – Et là je voudrais un jacuzzi. …… Monsieur Lucien continua ses activités coutumières. Il avait installé dans son jardin une sorte de pavillon en forme de cornet, tel le haut-parleur géant d’un antique gramophone. Ses voisins parlaient entre eux et à mots couverts de cette gigantesque oreille comme l’oeuvre d’un original, façon de dire qu’ils trouvaient le savant un peu fêlé. Qu’auraient-ils pensé s’il leur avait parlé de ses recherches ? Monsieur Lucien écoutait le bruit de fond de l’Univers… …… Charles sortit du lit à son tour et ouvrit les volets de la chambre. Le Bessonas était invisible. Le ciel bas était de plomb, pommelé ça et là d’anthracite. Le vent s’étant formé dans le golfe de Gênes, il était porteur de nuées qui ne manqueraient pas de se répandre sur les premiers contreforts montagneux. Ça allait tomber dru et probablement craquer fort. Un temps de légende ? …… Ce qui était posé sous les solives, c’était la mémoire d’une école, nichée dans des cahiers. Il y avait là, dans six cartons, toutes les rédactions ayant pour thème la légende, couchées de cette écriture à peine maîtrisée d’enfant, de celle dont les pleins et déliés n’ont pas encore pris leur envol. Tous les petits du village avaient réécrit l’histoire et fait part de leur sentiment. Etienne semblait se souvenir de quelques beaux textes, de ceux qui surprennent et ravissent. ……

15 €

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